Droit de Réponse au communiqué de l’Académie Nationale de Médecine du 19/07/22

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Sans doute avez-vous été réceptionnaires du communiqué de l’Académie Nationale de Médecine daté du 19 juillet 2022 s’opposant à la réintégration des soignants non-vaccinés contre la Covid-19. (1)

En tant que syndicat de soignants, le Syndicat Liberté Santé souhaite revenir avec vous sur les termes de ce communiqué.

La volonté affichée de l’Académie Nationale de Médecine de protéger personnels de santé et patients est louable et parfaitement légitime.

Nous sommes cependant surpris de lire que « l’hésitation vaccinale » est qualifiée « d’éthiquement inacceptable » et que « tout refus de se faire vacciner est incompatible avec le métier de soignant »…

Vous n’êtes pas sans savoir que les soignants ont accepté toutes les vaccinations antérieures depuis le début de leur carrière. Cependant, comme le rappelle le rapport de l’OPECST du 24 mai 2022 (2), c’est la première fois qu’un produit préventif (vaccin) est commercialisé alors qu’il est encore et toujours sous AMM conditionnelle, et qui plus est IMPOSÉ aux personnels soignants et assimilés.

Rappelons que le 13 janvier 2022, la Commission Européenne a déclaré applicable aux vaccins anti-Covid-19 le règlement UE n°536/2014 (3) qui stipule que « tout traitement expérimental requiert le consentement libre et éclairé de la personne ».

Certes, la Covid-19 a suscité beaucoup d’émoi. Cependant, un coronavirus aurait-il le pouvoir de nous faire oublier les préceptes fondamentaux de notre profession ?

Si être un bon soignant consiste à vacciner et à se faire vacciner sans s’interroger sur le respect les protocoles en vigueur habituels, que devient le principe de précaution ? L’appréciation de la balance bénéfice-risque individuelle ? Le consentement libre et éclairé ?

Tous les vaccins se valent-ils ? Les doutes des soignants quant à sureté des vaccins anti-Covid19 et leur efficacité affichée au départ de 95% ne se justifient-ils pas aujourd’hui ?

« Les vaccins actuels conservent une efficacité résiduelle contre la transmission, qui doit être complétée par le respect strict des gestes barrière en milieu de soin ».

Sur quelles études se fonde l’Académie Nationale de Médecine pour affirmer que les actuels vaccins anti-Covid-19 sont efficaces ? Comment l’efficacité résiduelle est-elle évaluée ? Toute personne vaccinée contre la grippe ou l’hépatite B doit-elle porter masque et gants ? Le fait de devoir compléter l’action du vaccin par l’observation stricte de gestes barrière signe-t-elle une efficacité telle qu’il faille l’imposer ?

D’autre part, l´obligation faite aux directeurs d’établissements de soins, sous peine de sanctions pénales, de contrôler le statut vaccinale de leurs employés, ne prouve-t-elle pas une adhésion toute relative des personnels de santé à cette obligation vaccinale ?

Il est aujourd’hui de notoriété publique que les « vaccins » anti-covid actuels n’empêchent NI d’être malade, NI de transmettre le virus. Les CDC nous en ont informés dès aout 2021 et le Lancet l’a encore démontré dans un article paru le 29 octobre 2021 : le virus circule de la même manière entre sujets vaccinés et non-vaccinés (4).

Selon le site Covidtracker.fr, qui reprend les données de la DRESS (ministère de la santé), une personne vaccinée a 1,5 fois plus de chance d’être covid+ qu’un non vacciné tandis qu’une personne vaccinée avec rappel a 2 fois plus de chance être covid+ qu’un non vacciné (5).

Certes des études observationnelles ont pu mettre en évidence une efficacité résiduelle sur la transmission, mais cette efficacité résiduelle est marginale et diminue trop rapidement dans le temps . Et pour preuve comme nous vous le présentions dans notre argumentaire scientifique à destination de la HAS (16), Le suivi des cas nosocomiaux d’infection à SARS-CoV-2, notamment liés aux soins, depuis la mise en place du passe sanitaire et du passe vaccinal dans les établissements de santé ne montre pas l’effondrement des cas auquel aurait dû conduire une vaccination ayant un effet de réduction drastique et durable de la transmission du virus. Au contraire, les cas nosocomiaux atteignent déjà pour le seul premier semestre 2022 une proportion considérable des années précédentes et la part des cas de transmission attribuée aux soins augmente par rapport à son niveau d’avant l’implémentation de ces mesures et malgré l’obligation pour les soignants d’effectuer un premier rappel vaccinal (3ème dose) (Santé publique France 2022).

Et plus récemment, une étude publiée dans le New England Journal of Medecine (NEJM) autre prestigieuse revue médicale, démontre in vitro démontre qu’il n’a pas trouvé de différences significatives dans la durée médiane de l’excrétion virale du sars-cov2 entre les participants non vaccinés et les participants vaccinés 2 doses ou plus (6)

Il est observé par ailleurs, que ce sont les pays ou régions les plus vaccinés qui connaissent les taux les plus hauts de contamination à la covid-19.(7)

Face à ces constats, quel sens y-a-t-il à vacciner le plus grand nombre et à imposer la vaccination aux soignants ?

« Aucun des arguments ressassés (absence d’efficacité, effets indésirables, manque de recul…) ne permet de valider scientifiquement le refus de se faire vacciner, les véritables contre-indications médicales à la vaccination étant très rares »

Quels arguments alors sauraient faire infléchir les pouvoirs publics si l’efficacité peu significative, le nombre exponentiel d’effets indésirables et le manque de recul ne sont pas considérés comme suffisants pour respecter le choix de nos confrères non-vaccinés ?

Savez-vous que les études cliniques de Pfizer, bien que randomisées en double aveugle, sont très limitées ? Le paramètre « aveugle » a par exemple été levé au bout de 2 mois au lieu des 43 initialement prévus. Peut-on sur cette base connaitre les effets du vaccin à moyen et long termes ? (8)

L’Agence Européenne du Médicament (EMA) a validé l’intérêt du recours à la 3ème dose en octobre 2021, sur des critères uniquement biologiques (Le Monde), sans que l’étude clinique d’efficacité et de tolérance de cette 3ème dose n’ait été publiée par le fabricant. (9)

Le nombre déclaré d’effets indésirables des vaccins anti-Covid-19 est largement supérieur EN UNE ANNÉE à ceux de TOUS LES VACCINS CONFONDUS pendant TRENTE ANS, dont 25% sont graves. Pour rappel, l’étude de Mme Aure SAULNIER exposée lors de son audition à l’OPECST, mentionnait entre autres qu’en France, pour le vaccin contre la Covid-19, 25 % des événements indésirables sont graves contre 6 % pour le vaccin contre la grippe (vaccin qui présentait jusque-là le plus d’événements indésirables graves). En l’occurrence, le risque relatif se trouve multiplié par un facteur allant de 28 à 926 selon les catégories d’événements graves. (10)

Le choix de prudence de nos confrères qui refusent de prendre de tels risques pour leur santé, et ce pour un bénéfice mineur voire nul selon leur âge et leur état de santé, n’est-il pas respectable ?

Rappelons que les groupes à risque de covid-19 grave et de décès ont été parfaitement identifiés : sujets >82ans ou présentant des facteurs de comorbidités comme HTA, diabète, obésité, déficit immunitaire. Seul un bilan médical individualisée permettrait d’apprécier l’appartenance des soignants non retraité à ce groupe.

Le recul nécessaire sur d’éventuels effets indésirables ne peut pas s’appréhender sur le seul nombre de personnes ayant reçues le vaccin. Ils peuvent en effet apparaître longtemps après l’administration d’un médicament : le critère TEMPS ne peut être éludé, et il est incompressible.

Dans ces conditions, n’appartient-il pas à chaque soignant de décider s’il lui est utile de se faire vacciner en prenant ses responsabilités quant aux éventuels effets indésirables ?

« La vaccination reste très efficace vis-à-vis des différents variants pour protéger contre les formes sévères ».

Sur quelle étude à fort niveau de preuve repose cette assertion ? A notre connaissance, l’efficacité du vaccin n’a été évaluée sur les formes graves par Pfizer (pour l’obtention de l’AMM conditionnelle) que sur 10 participants. Dix ! En tant que scientifiques, cet échantillonnage restreint nous semble rigoureusement insuffisant pour tirer des conclusions d’efficacité. (11)

L’administration d’un rappel vaccinal a montré une réduction du risque relatif supplémentaire dans les populations identifiées à risque de Covid-19 grave, malgré un bénéfice absolu plus réduit, qui devient marginal voire non significatif dans les catégories sans facteurs de risques ou immunisées naturellement (Barda et al. 2021). L’état d’immunisation vis à vis de la Covid grave des populations à risque progresse via la vaccination et/ou l’immunité acquise naturellement avec une proportion croissante présentant désormais une immunité hybride particulièrement protectrice (17)

Les facteurs de risques de Covid-19 grave sont bien identifiés dans l’écrasante majorité des cas et restent constants au fil des vagues épidémiques (‘ATIH – Analyse de l’activité Hospitalière 2020 COVID-19’, n.d.). Pourtant une large proportion des personnels soumis à l’obligation vaccinale ne fait pas état de tels facteurs de risque, et jouit de ce fait d’un bénéfice individuel réduit voir non significatif.

Qui plus est, une large proportion recoupant souvent la précédente, est aussi efficacement et durablement protégée par l’immunité acquise naturellement. En effet la prévalence chez les soignants est encore supérieure à celle constatée en population générale (INSERM 2021; Brousseau et al. 2022)

Sur cette base d’efficacité limitée à un groupe limité de la population on ne peut donc pas prétendre à rendre obligatoire ce produit préventif à des personnels soignants et assimilés qui dans une majorité écrasante sont en bonne santé et ne sont pas exposés aux formes graves, et ce d’autant plus que cette vaccination les expose alors à d’éventuels effets indésirables graves de mieux en mieux identifiés à court terme, et pas encore suffisamment identifiables à moyen et long termes.

« La réintégration de professionnels de la santé non vaccinés compromettrait le climat de confiance et la cohésion qui doivent exister entre ses membres et avec les malades ».

N’est-ce pas plutôt le fait d’avoir instauré une obligation vaccinale en estampillant les bons vaccinés de héros d’un côté et les soi-disant irresponsables non vaccinés de l’autre, assortie d’une suspension d’exercice qui ont divisé les équipes et distillé un climat délétère qui n’existait pas auparavant ? Rappelez-vous de la solidarité des équipes qui a permis à tous ces soignants de traverser la première année de la crise pour pallier le manque de moyens matériels et humains ?

Souvent invoquée au bénéfice de ceux qui se sont fait vacciner contre la covid-19, la responsabilité médicale ne consiste-t-elle pas, précisément, à observer le principe de prudence et à exiger que les protocoles habituels soient respectés ?

« La réintégration des soignants non vaccinés mettrait en péril les malades ».

Le vaccin n’apporte pas un bénéfice significatif et durable sur la transmission et pourtant des soignants positifs à la covid-19, parce qu’ils sont vaccinés, continuent de travailler auprès de leurs patients. Dans cette situation, considérez-vous que ces derniers soient protégés ? Des soignants non-vaccinés les mettraient-ils davantage en péril ?

« Ne concernant qu’un nombre très limité de soignants (0,3%), la réintégration des soignants non vaccinés ne résoudrait pas les difficultés actuelles de fonctionnement de l’hôpital ».

En effet, les maux de l’hôpital préexistaient déjà aux mesures de suspension, et vont en s’aggravant. 100.000 lits ont été fermés en 20 ans (12), soit 20% alors que la population s’accroît (+10%) et vieillit (13). L’hôpital n’est plus géré en terme de besoins mais à flux tendu, comme une entreprise devant impérativement être rentable.

Nous sommes d’accord, la réintégration des personnels de santé suspendus ne suffira pas à sauver le secteur de la santé du naufrage : le secteur manque chroniquement de moyens et de personnel (d’où la nécessité, déjà, d’en faire venir d’autres pays).

L’Académie Nationale de Médecine parle de 0,3% de suspendus. Quid des libéraux, des arrêts maladies, des radiations (volontaires ou imposées par l’ARS), des démissions et des mises en disponibilité ?

Quid des conséquences sur les équipes restantes, de plus en plus éreintées depuis la suspension de leurs collègues, qui travaillent dans des conditions telles que nombreux sont ceux qui démissionnent, même vaccinés. Constat : 60.000 postes vacants la nuit, 180.000 infirmiers démissionnaires (14), ceci générant une fragilisation extrême d’un équilibre déjà précaire de notre système de soins. QUAND cette hémorragie de personnel soignant sera-t-elle considérée à sa juste mesure ?

Gardons à l’esprit que la réintégration d’un seul de ces soignants peut suffire à maintenir ouvert un service, un cabinet, une officine, et garantir ainsi un accès aux soins à des milliers de patients qui souffrent aujourd’hui d’une perte de chances de guérison.

Message d’un maire : « Me font marrer avec leur : vont pas sauver l’hôpital les suspendus si on les réintègre ! L’hôpital je sais pas, mais si j’ai une infirmière et un médecin, ils vont sauver 500 personnes : mes villageois ! » .

Notre système de soin suffoque. Rappelons urgemment les personnels de santé, expérimentés et qualifiés, qui ont été indignement écartés de leurs affectations, pour redonner une bouffée d’oxygène à notre système de santé.

NB : nous notons enfin qu’une majorité des affirmations de ce communiqué de l’Académie Nationale de Médecine ne sont pas sourcées. Vous l’aurez compris, ce communiqué heurte notre sensibilité déontologique et va à l’encontre de la rigueur scientifique qu’on nous a enseignée.

Pour conclure, en tant que soignants, ce n’est pas cette vaccination que nous récusons, mais l’obligation qui en est faite. Si certains de nos confrères se sont fait vacciner pour « protéger et être protégés » de la covid-19, nombreux sont ceux qui s’y sont soumis sous la contrainte (pour ne pas perdre leur emploi), sans bénéficier de données fiables et transparentes pour un choix éclairé.

En tant que syndicat, nous le déplorons et réclamons que la vaccination Covid-19 relève d’un choix personnel sur avis médical personnalisé, et que soient réintégrés nos collègues suspendus.

Restant à votre disposition pour tout complément d’information,

Soyez assurés, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, de notre profonde considération.

Le Syndicat Liberté Santé

Références

(1) https://www.academie-medecine.fr/reintegrer-les-soignants-non-vaccines-contre-la-covid-19-serait-une-faute/

(2) Echanges entre M. Cédric VILLANI (Président de l’OPECST) et Mme Christelle RATIGNIER-CARBONNEIL (Directrice de l’ANSM) (Auditions du 24/05/2022 – OPECST- Déclaration, analyse et communication autour des effets indésirables des vaccins contre la Covid-19 (17:02:58 à 17:04:10) https://videos.senat.fr/video.2908931_628cbfd4c67cf.declaration-analyse-et-communication-autour-des-effets-indesirables-des-vaccins-contre-la-covid-19

(3) https://health.ec.europa.eu/system/files/2016-11/reg_2014_536_fr_0.pdf

(4) https://www.thelancet.com/lancetarticles1473309921006484fbclid=IwAR0i_i7PnhgsdUVFO9tmhZRHmVRkRlsUo8FnyR7UCswyH2-t_2_njyMsbMw

(5) https://covidtracker.fr/vaximpact/

(6) https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMc2202092

(7) https://www.tf1info.fr/replay-lci/video-24h-pujadas-du-jeudi-13-janvier-2207099.html

(8) https://www.pfizer.fr/pfizer-et-biontech-ont-finalise-levaluation-des-criteres-primaires-defficacite-de-letude-de-phase-3

(9) https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/04/covid-19-l-agence-europeenne-des-medicaments-approuve-l-administration-d-une-troisieme-dose-de-pfizer-biontech-pour-les-plus-de-18ans_6097085_3244.html

(10) Auditions du 24/05/2022 – OPECST- Déclaration, analyse et communication autour des effets indésirables des vaccins contre la Covid-19 (18:57:54 à 19 :05 :13 ; 20:01:15 à 20:01:33) https://videos.senat.fr/video.2908931_628cbfd4c67cf.declaration-analyse-et-communication-autour-des-effets-indesirables-des-vaccins-contre-la-covid-19

(11) https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2034577

(12) https://fr.statista.com/statistiques/1255423/nombre-lits-hopital-france/

(13) https://www.insee.fr/fr/statistiques/1892117?sommaire=1912926

(14) https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/les-infos-de-6h-hopitaux-comment-expliquer-le-manque-de-personnel- soignant-7900157242

(16) Argumentaire Scientifique du SLS à destination de la HAS

(17) Altarawneh, Heba N., Hiam Chemaitelly, Houssein H. Ayoub, Patrick Tang, Mohammad R. Hasan, Hadi M. Yassine, Hebah A. Al-Khatib, et al. 2022. ‘Effects of Previous Infection and Vaccination on Symptomatic Omicron Infections’. New England Journal of Medicine 387 (1): 21–34.

https://doi.org/10.1056/NEJMoa2203965.

(18) Altarawneh, Heba N., Hiam Chemaitelly, Mohammad R. Hasan, Houssein H. Ayoub, Suelen Qassim, Sawsan

AlMukdad, Peter Coyle, et al. 2022. ‘Protection against the Omicron Variant from Previous SARS-CoV-2 Infection’.

New England Journal of Medicine, February.

https://doi.org/10.1056/NEJMc2200133.